Mission Bornéo 2016

Aide à la protection des Orang-outans à Matang

Mois : juin 2016

Demi-journée bonus après visite aux crocos

Mercredi 18 mai

Bron passe à 7h45 pour nous proposer d’assister au nourrissage des gros crocros: banco pour les filles. On passe par l’un des pontons de bois (celui avec l’arbre serpent!).

IMG_0379

Bron prend sa brouette chargée de poissons et de demi-poulets. Quand je dis demi-poulets, c’est du 1er degré:  prenez un poulet mort et plumé (non vidé), avec le cou, la tête, les pattes… une hache à viande et PAF! Vous créez l’axe de symétrie parfait : genre tu vois tout à l’intérieur!!

Donc brouette à la main, nous arrivons à l’enclos des crocos (il y en a 2 côte à côte). Avec 2 espèces de crocos ensemble: ceux d’eau douce et ceux d’eau salée (bref j’ai quand même confiance dans aucun d’entre eux). Il y a des adultes et des petits. Lorsqu’ils sont “à l’arrêt”, bouche ouverte, on a l’impression d’être au musée d’histoire naturelle et tout à coup, un demi-poulet qui vole et la bête se réveille. Sauvage, agressive, ils ne se font pas de cadeaux entre eux.

IMG_0798b

Ce sont des chasseurs avant tout. Ainsi, ils sont capables d’attraper le demi-poulet volant, en revanche s’ils ne l’ont pas vu en mouvement, ils ne le verront pas forcément en passant à côté ni même ne le sentiront. Lors du lancer, il faut donc s’assurer que le croco que l’on souhaite nourrir a bien son champ de vision ouvert sur le lanceur.

IMG_0790

–> c’est le sang de poulet sur les dents !! pour de vrai!!

Ils nous ont fait de belles démonstrations! (Il paraît qu’il est arrivé que des demi-poulets ne soient pas mangés car pas repérés… et après une semaine en plein soleil, ben ça krouchmoute grave!)

Ciao ciao les crocos!

Dernière  demi-journée à Matang. On se retrouve tous les 7 devant nos maisons et partons gaiement jusqu’à la base. Je suis en section sunbears ce matin avec Layla et Wayne. Bron nous annonce le désarroi de Damou quand nous lui avons appris hier qu’il n’y avait pas d’équipe orang-outan ce jour, car avec toutes les feuilles et branchages que nous leur avons donnés, ah oui c’était l’éclate pour les orangs-outans, mais ça a mis un sacré bordel!!

IMG_0750

Du coup, y’a grave de boulot pour la section orang-outan, elle demande des volontaires : au final Layla, Wayne, Kerrie et moi partons aux orangs-outans.

IMG_0672

On est plus à la cool aujourd’hui, on prend du temps pour regarder depuis le mirador, les 4 orangs-outans du grand enclos. Les deux plus jeunes jouent comme on ne les avait encore jamais vus : chamaille, galipettes, on se marre autant qu’eux.

IMG_0816

IMG_0823

IMG_0830

Admiration respectueuse pour l’impressionnant Aman, chacun de ses mouvements est à la fois voluptueux et puissant.

IMG_0814b

Et puis hop : hosepipe, scrub, squeegee, hosepipe!

Faut qu’ça brille! Depuis la cage, j’abreuve deux orangs-outans qui sont dehors. Comme j’ai dit au revoir hier, je suis plus légère. Je profite, tout simplement.

On papote un peu avec Damou et puis on rentre du boulot.

Et puis ça sent la fin, je fais mon sac pour le retour en me disant que forcément, ça va tenir!!! Je commence par mes bottes de caoutchouc (que j’aurai pu ne pas prendre GGGRRR!), la moustiquaire version lit de princesse… Et tout le tralala bien humide (tout passera à la machine au retour même ce qui est propre, j’ai l’impression qu’il y a quand même une odeur dessus).

14h15 le minivan et en route pour Kuching.

Un plouf dans la piscine en arrivant et juste avant, purée, Wayne m’a fait créer un compte What’s App et Instagram, non mais pétard!!! J’ai pas de facebook et j’ai ces 2 appli-là : bref!!!! Le lendemain, journée à Kuching mais plein de commerces étaient fermés, y compris le Sarawak Museum, puis à 12h30 on s’est pris un orage de dingue qui a duré presque toute la journée.

IMG_0867

J’aurai préféré avoir un vol plus tôt… mais je n’ai aucune influence sur les plannings des compagnies aériennes, ça se saurait.

Bye bye les orangs-outans

mardi  17 mai  17h20

Nous venons de rentrer du boulot (Ay-i Ay-o-> les 7 nains !), juste à temps, le vent s’est levé et hop, orage de dingue: des éclairs, des coups de tonnerre, la pluie d’une intensité extrême, wahou! C’est impressionnant.

Le ciel est sombre, les lumières des éclairs fendent le ciel et annoncent les grondements à venir. Le vent entre dans la partie, les feuilles entament une danse délicate… tant que c’est délicat, tout va bien. Dans la jungle, en cas d’orage, dès que le vent souffle fort, certains arbres peuvent êtres déracinés et s’abattre. Nous en avons vus lors de notre rando cascade : des troncs de 12m de long, diamètre 1.40m, tu te dis que t’as pas envie d’être là quand ça arrive.

Sinon, je n’avais pas fini mon récit de la matinée. Après avoir tout nettoyé, nous sommes allées à la base avec Damou (Equipe du jour: Sarika, Layla, Kerrie et moi). Kerrie et moi sommes parties dans la jungle armées d’un seau et d’une paire de gros ciseaux pour aller chercher des feuilles, afin de préparer une gourmandise pour les orangs-outans.

Il y en a peu et j’avais alors repéré une fleur jaune splendide, je m’étais dit qu’au retour du boulot, il fallait que je pense à la prendre en photo. A notre retour à la base, nous avions comme matériel  : des feuilles, des bouteilles en plastique, des graines de tournesol, des raisins secs et un genre de sirop d’orange. Alors c’est parti, dans chaque bouteille 5 graines de chaque, des feuilles tant qu’il en tient, du sirop… on remplit le tout d’eau et au congel!

IMG_0728

J’ai soulevé la question mais Damou n’était pas là (j’essaie d’y penser demain: ok ils ont un Mister Freeze mais comment l’ouvrent-ils?).

Après une douche froide, un déjeuner frais et une petite sieste, je m’y recolle mais je dois avouer que mon corps a bien du mal à me porter. Je suis crevée! Rincée! Lessivée! Encore plus quand j’apprends que nous allons peindre les murs de l’enclos d’Aman! Purée, j’aime pas la peinture au rouleau, enfin j’aime pas peindre tout court. Mais un bel enclos, c’est bien pour les orangs outans, et pour les touristes qui ne feront pas de mauvaise pub et du coup les membres du ministère seront contents.

Et là, oh la la… Il commence à pleuvoir: trop dommage! Donc on part avec deux brouettes et 5 machettes (oui, des machettes!!!) couper des branches couvertes de feuilles, provenant de plein de plantes/ arbres différents pour nourrir les orangs-outans. Damou excelle en la matière, et nous, on fait ce qu’on peut, je n’ai reçu jusqu’à lors aucune “formation machette” dans ma vie!

IMG_0741

Bref, 4 ou 6 brouettes plus tard, nous distribuons les branches aux orangs-outans à travers les grilles des cages.

Une vraie folie! Ils sont vraiment heureux de les recevoir et ont des attitudes très différentes. L’énorme George s’est fabriqué un sublime chapeau, mais a quand même conservé une branche pour en savourer les feuilles.

Les 3 écoliers dégustent les feuilles dès le début.

Le ptit coquin fait son show, éparpille tout dans sa cage et part dans une série d’incontrôlables galipettes dans lesquelles il emmène les branches; l’éclate.

Un autre a l’air de préparer son nid (aparté : à l’état sauvage et semi-sauvage, les orangs-outans se préparent un nid de branchages tous les soirs, nous avons pu observer quelques nids à Semmengoh). Un vrai régal de les voir prendre plaisir avec tous les feuillages.

IMG_0756

D’un autre côté, ils seraient tellement mieux à choisir eux-même leurs branches dans les arbres. Pauvres orangs-outans.

Un autre point, les orangs-outans abandonnés, orphelins ont besoin de leur mère ou d’une baby-sitter jusqu’à l’âge de 6-7 ans. Aucune réhabilitation n’est envisageable avant cet âge-là.

Après ce moment délicieux, nous avons tout de même commencé à peindre avec le rouleau, et aussi avec les rallonges car les murs doivent faire 6m de haut (je suis pas fortiche pour les évaluations de hauteur-longueur). Bon, pas jusqu’en haut quand même, mais nous avons fait presque 2 murs: la vache!

IMG_0764

Je suis ensuite allée faire un tour dans la section orangs-outans pour leur dire au revoir. J’ai commencé, une , deux, trois, quatre cages, puis je suis arrivée à la cage du ptit coquin orang-outan. Il m’a tendu une branche (sans feuille, il avait tout mangé), j’ai attrapé le bout prudemment, pas question de contact physique, j’étais bien au milieu du couloir. J’ai alors commencé à balancer doucement mon bras, il a suivi mon rythme, et j’ai fredonné une des berceuses préférées qu’Antoine et Gabriel aiment beaucoup.

J’étais seule dans la section, c’était MON MOMENT. Certains orangs-outans se sont approchés des grilles pour m’observer, il n’y avait que leurs regards, le sol couvert de feuilles, le coquin curieux… et moi qui fredonnait.

Après 7-8mn, je n’ai pas pu refouler davantage, les sons se sont noyés dans ma gorge et mes larmes ont coulé. Je leur ai dit au revoir à ma façon.

Sur le chemin du retour avec John, Wayne et Beckie, je leur ai proposé de venir voir la jolie fleur jaune, elle avait disparu. Une belle fleur éphémère, ses pétales couleur citron s’étalaient sur le chemin. J’aurais au moins eu la chance, le plaisir de la voir ce matin.

18h : il pleut toujours.

Matinée oo, moments pudiques et sensibilisation…

mardi 17 mai

Et voilà, dernière matinée avec les oo. Les baby-sitter sont en day off: j’ai quand même vu le petit  partir au jardin d’enfant dans les bras de la baby-sitter.

Derniers regards échangés.

IMG_0722

 

IMG_0068

IMG_0361

L’autre petit, le super coquin m’a tendu la main à travers la cage (que je n’ai pas prise bien sûr), plusieurs fois… pour prendre la mienne? pour attraper le tuyau d’arrosage? En tout cas c’était chouette, il a avancé sa babine inférieure et je l’ai abreuvé, il était rigolo.

IMG_0365

Pendant que je nettoyais la cage d’Aman, celui-ci frappait la trappe d’entrée depuis l’extérieur. Il était sorti depuis moins d’une heure, mais il préfère entrer. C’était triste cette situation, préférer l’étroitesse de sa cage, à l’enclos au plein air. La violence et le bruit de la ferraille étaient impressionnants, j’avais quand même pas envie qu’il fracasse tout, il aurait pu juste en me serrant avec sa main me fracasser le corps, direct comme on craque un bréchet de poulet. J’ai fini la cage, puis il est rentré.

Je nettoyais deux cages plus loin, on s’est regardés depuis l’espace aéré du fond, on a papoté. On a passé un bon moment.

IMG_0065

Et j’ai alors repensé à la présentation sur ordi que nous a fait Bron hier soir.

Lorsque nous arrivons en tant que touriste dans un  endroit où nous sont proposées des activités avec des animaux, il faut se poser 3 questions  :

1/ Où est sa mère?  2/ Dois-je payer pour cette activité? 3/ Est-ce que je ferai ça si j’étais à la maison

1/ Pour la plupart des espèces, mais surtout pour les oo, la présence de la mère est un besoin vital jusqu’à ses 7 ans. Souvent ce sont des petits qui ont entre 0 et 4 ans qui sont exploités. Ce qui signifie, si le petit est seul, que sa mère a été tuée

2/ Il s’agit d’une exploitation à des fins financières. En aucun cas cela n’est bénéfique pour l’animal, c’est purement commercial et ce n’est pas sa place.

Les photos avec les oo ou autres animaux, même les tigres dans les Tiger Temple sont vivement décriés, au même titre que les balades à dos d’éléphant en Thaïlande. Les sévices que subissent les éléphants avant d’être opérationnels sont traumatisants (ex : attaché debout entre deux arbres, sans pouvoir s’asseoir ni s’allonger, pendant plusieurs jours, sans compter les coups qu’ils reçoivent afin qu’ils obéissent, la vidéo était saisissante).

Les centres de réhabilitation d’oo où ils proposent de prendre les petits dans les bras, de les laver dans des bassines ou tout simplement d’avoir un contact physique, utilisent cette façon d’agir comme argument commercial.

Cette approche est dangereuse physiquement pour les oo : s’ils attrapent certains virus humains, ne serait-ce qu’un rhume, leur corps n’est pas en mesure de se défendre. Les oo peuvent mourir d’un rhume.

De plus l’humanisation des oo est contre nature, ce sont des oo qui ne pourront jamais retourner à l’état sauvage ou même semi-sauvage.

Nous avons également visionné un reportage où des centaines d’hectares de forêt avaient été abattus pour cultiver les palmiers à huile.

Les oo sortaient de la forêt, complètement perdus, amaigris, n’ayant plus d’habitat, plus de nourriture.

Après 3 jours de “traque”, un oo adulte extrêmement affaibli, maigre et ayant développé une infection abominable à la main, a été capturé pour être secouru. Il a subi des tests… a dû être opéré, puis amputé de l’avant-bras. Apprendre à vivre sa vie d’oo avec une seule main. Il a pu être réintroduit après 8 mois dans le centre. Bon nombre n’ont pas eu sa chance.

Voici une vidéo “raccourcie” de l’histoire de Pelangsi. C’est en anglais, mais les images parlent d’elles-mêmes, prenez le temps de regarder jusqu’au bout, les dernières images sont importantes :

Ca bosse à la quarantaine et Parc de Kubah

Lundi 16 mai

Journée, enfin non, matinée quarantaine. En équipe avec John, on a dépoté dur :  11 cages de macaques extérieures, plus la cage des bébés ours. Au menu par macaque  : 3 mini bananes, des croquettes pour chien, et du porridge maison comprenant des graines et des fruits secs : humm!

IMG_0625

On était trop cuits après ça: 12h25 purée les autres étaient rentrés depuis 11h30!

IMG_0097

Une douche froide, un ptit repas et hop nous partons pour la cascade en mini-van taxi, juste avant de partir, Bron nous informe qu’il faut prendre de bonnes chaussures car il y a 1h30 de marche aller et 1h30 de marche retour dans la jungle. Tout à coup les Waterfalls ont une autre saveur… mais super génial!

Comme j’ai utilisé un short pour le boulot et que l’autre que j’ai lavé est en train de sécher, je pars avec mes chaussettes, mes pataugas… et ma robe dans la jungle. Et oui, ridicule même à l’autre bout de la planète, j’assume total.

IMG_0663

Nous entamons une marche sur route dans le parc national de Kubah, avec une montée qui n’en finit pas, on se prend 500m, 1500m j’en sais rien de dénivelé positif (bon ok 400 à tout casser mais il n’y a pas d’ombre et il fait 35°!).

IMG_0666

Après une pause bien méritée sous un abri, nous empruntons un sentier dans la jungle.

Damou, qui nous accompagne hésite à continuer car l’orage approche. S’il n’y a que de la pluie, pas de souci, en revanche s’il y a du vent, un arbre peut s’abattre à tout moment dans la forêt, sur le chemin… sur nous… Wahou!

Finalement on continue, presque arrivés, une petite pluie commence à tomber. Chutes d’eau sympa, mais pas de baignade aujourd’hui. Après quelques 10 minutes, nous entamons le chemin retour.

IMG_0667

La vache, pluie tropicale pendant 1h30! Il nous faut vraiment être vigilant car le sol est glissant: pierres, racines, ponts de bois. Une fois de plus me voilà enfondue (trempée) mais digne car je porte ma robe dans la jungle!

Retour au chalet, dernières cartes postales.

L’air est un peu plus frais ce soir. Je ne pense pas avoir eu depuis mon arrivée un moment aussi respirable!!

Restent 2 jours, demain c’est mon dernier jour avec les oo, ça picote un peu. Je serai en mode “fabrication optimale de souvenirs”. J’ai demandé à Damou, enfin je lui ai expliqué à quel point il était important pour moi demain, d’être présente lors du passage des baby-sitter avec les écoliers oo.

Mes derniers moments, ça fait bizarre : d’un côté j’ai l’impression d’être là depuis longtemps, d’avoir développé des automatismes, on connaît bien notre job du matin, Julien et les garçons me manquent affreusement, d’un autre côté c’est comme si j’étais arrivée hier. C’est fou et confusant comme ressenti.

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén