mardi  17 mai  17h20

Nous venons de rentrer du boulot (Ay-i Ay-o-> les 7 nains !), juste à temps, le vent s’est levé et hop, orage de dingue: des éclairs, des coups de tonnerre, la pluie d’une intensité extrême, wahou! C’est impressionnant.

Le ciel est sombre, les lumières des éclairs fendent le ciel et annoncent les grondements à venir. Le vent entre dans la partie, les feuilles entament une danse délicate… tant que c’est délicat, tout va bien. Dans la jungle, en cas d’orage, dès que le vent souffle fort, certains arbres peuvent êtres déracinés et s’abattre. Nous en avons vus lors de notre rando cascade : des troncs de 12m de long, diamètre 1.40m, tu te dis que t’as pas envie d’être là quand ça arrive.

Sinon, je n’avais pas fini mon récit de la matinée. Après avoir tout nettoyé, nous sommes allées à la base avec Damou (Equipe du jour: Sarika, Layla, Kerrie et moi). Kerrie et moi sommes parties dans la jungle armées d’un seau et d’une paire de gros ciseaux pour aller chercher des feuilles, afin de préparer une gourmandise pour les orangs-outans.

Il y en a peu et j’avais alors repéré une fleur jaune splendide, je m’étais dit qu’au retour du boulot, il fallait que je pense à la prendre en photo. A notre retour à la base, nous avions comme matériel  : des feuilles, des bouteilles en plastique, des graines de tournesol, des raisins secs et un genre de sirop d’orange. Alors c’est parti, dans chaque bouteille 5 graines de chaque, des feuilles tant qu’il en tient, du sirop… on remplit le tout d’eau et au congel!

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J’ai soulevé la question mais Damou n’était pas là (j’essaie d’y penser demain: ok ils ont un Mister Freeze mais comment l’ouvrent-ils?).

Après une douche froide, un déjeuner frais et une petite sieste, je m’y recolle mais je dois avouer que mon corps a bien du mal à me porter. Je suis crevée! Rincée! Lessivée! Encore plus quand j’apprends que nous allons peindre les murs de l’enclos d’Aman! Purée, j’aime pas la peinture au rouleau, enfin j’aime pas peindre tout court. Mais un bel enclos, c’est bien pour les orangs outans, et pour les touristes qui ne feront pas de mauvaise pub et du coup les membres du ministère seront contents.

Et là, oh la la… Il commence à pleuvoir: trop dommage! Donc on part avec deux brouettes et 5 machettes (oui, des machettes!!!) couper des branches couvertes de feuilles, provenant de plein de plantes/ arbres différents pour nourrir les orangs-outans. Damou excelle en la matière, et nous, on fait ce qu’on peut, je n’ai reçu jusqu’à lors aucune “formation machette” dans ma vie!

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Bref, 4 ou 6 brouettes plus tard, nous distribuons les branches aux orangs-outans à travers les grilles des cages.

Une vraie folie! Ils sont vraiment heureux de les recevoir et ont des attitudes très différentes. L’énorme George s’est fabriqué un sublime chapeau, mais a quand même conservé une branche pour en savourer les feuilles.

Les 3 écoliers dégustent les feuilles dès le début.

Le ptit coquin fait son show, éparpille tout dans sa cage et part dans une série d’incontrôlables galipettes dans lesquelles il emmène les branches; l’éclate.

Un autre a l’air de préparer son nid (aparté : à l’état sauvage et semi-sauvage, les orangs-outans se préparent un nid de branchages tous les soirs, nous avons pu observer quelques nids à Semmengoh). Un vrai régal de les voir prendre plaisir avec tous les feuillages.

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D’un autre côté, ils seraient tellement mieux à choisir eux-même leurs branches dans les arbres. Pauvres orangs-outans.

Un autre point, les orangs-outans abandonnés, orphelins ont besoin de leur mère ou d’une baby-sitter jusqu’à l’âge de 6-7 ans. Aucune réhabilitation n’est envisageable avant cet âge-là.

Après ce moment délicieux, nous avons tout de même commencé à peindre avec le rouleau, et aussi avec les rallonges car les murs doivent faire 6m de haut (je suis pas fortiche pour les évaluations de hauteur-longueur). Bon, pas jusqu’en haut quand même, mais nous avons fait presque 2 murs: la vache!

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Je suis ensuite allée faire un tour dans la section orangs-outans pour leur dire au revoir. J’ai commencé, une , deux, trois, quatre cages, puis je suis arrivée à la cage du ptit coquin orang-outan. Il m’a tendu une branche (sans feuille, il avait tout mangé), j’ai attrapé le bout prudemment, pas question de contact physique, j’étais bien au milieu du couloir. J’ai alors commencé à balancer doucement mon bras, il a suivi mon rythme, et j’ai fredonné une des berceuses préférées qu’Antoine et Gabriel aiment beaucoup.

J’étais seule dans la section, c’était MON MOMENT. Certains orangs-outans se sont approchés des grilles pour m’observer, il n’y avait que leurs regards, le sol couvert de feuilles, le coquin curieux… et moi qui fredonnait.

Après 7-8mn, je n’ai pas pu refouler davantage, les sons se sont noyés dans ma gorge et mes larmes ont coulé. Je leur ai dit au revoir à ma façon.

Sur le chemin du retour avec John, Wayne et Beckie, je leur ai proposé de venir voir la jolie fleur jaune, elle avait disparu. Une belle fleur éphémère, ses pétales couleur citron s’étalaient sur le chemin. J’aurais au moins eu la chance, le plaisir de la voir ce matin.

18h : il pleut toujours.